Lâhistoire du QuĂ©bec est meublĂ©e dâune multitude de figures ecclĂ©siastiques qui ont marquĂ© de façon positives ou nĂ©gative les esprits. Pensons Ă Marie Guyart, le FrĂšre AndrĂ©, Maurice Proulx ou encore Marguerite Bourgeoys. Dâautres hommes et femmes dâĂglise ont aussi marquĂ© lâhistoire du QuĂ©bec, mais de façon moins importante ou dans des contextes bien diffĂ©rents. Câest le cas du RĂ©vĂ©rend PĂšre Joseph-Papin Archambault, prĂȘtre JĂ©suite.
NĂ© Ă MontrĂ©al le 13 aoĂ»t 1880, Joseph-Papin Archambault fait son entrĂ©e au CollĂšge Sainte-Marie Ă lâĂąge de 11 ans. Ce collĂšge, fondĂ© par les JĂ©suites, nâavait pas pour but premier de prĂ©parer les Ă©lĂšves Ă une vie ecclĂ©siastique comme la plupart des autres collĂšges. Les JĂ©suites voulant avant tout Ă©duquer la jeunesse montrĂ©alaise. En 1897, Joseph-Papin Archambault dĂ©cide de quitter le CollĂšge Sainte-Marie pour dĂ©buter son noviciat dans la Compagnie de JĂ©sus, au mĂȘme moment oĂč le jeune Ămile Nelligan quitte dĂ©finitivement les bancs du mĂȘme collĂšge, ayant Ă©chouĂ© son cours de syntaxe. Quelques annĂ©es plus tard, en 1904, Joseph-Papin Archambault retourne au CollĂšge Sainte-Marie, mais cette fois pour y enseigner. Le collĂšge, qui autrefois offrait les cours tant en anglais quâen français, est maintenant unilingue français. Ă cette Ă©poque, le français prend de plus en plus de place sur lâĂźle de MontrĂ©al, mais lâindustrie et les affaires continuent dâĂ©voluer en anglais. Le jeune Archambault restera marquĂ© par cette mouvance puisquâil publiera une sĂ©rie dâarticles portant sur la dĂ©fense du français sous le pseudonyme Pierre Homier. Ă lâĂąge de 32 ans, il est ordonnĂ© prĂȘtre Ă MontrĂ©al.
En 1913, Archambault participe Ă la crĂ©ation de la Ligue des droits du français, qui sera plus tard dirigĂ©e par Lionel Groulx et finira par sâappeler la Ligue de lâAction française qui publiera la revue L’Action nationale. Lors du dĂ©cĂšs de celui quâon appelle le PĂšre Papin, Lionel Groulx explique en ces mots lâimportance de la Ligue Ă lâĂ©poque : « Il fallait sauver la langue, la rĂ©gĂ©nĂ©rer Ă tout prix, apprendre Ă tout le monde et surtout aux grandes compagnies, Ă la respecter. Sauver la langue, câĂ©tait pour lui sauver la nation. » (Groulx, 1966)
DĂšs ses premiĂšres publications, Joseph-Papin Archambault dĂ©montre un fort intĂ©rĂȘt pour la classe ouvriĂšre et ses conditions tant de travail que de vie. Dans L’Organisation ouvriĂšre catholique en Hollande, publiĂ© en 1911, il sâintĂ©resse Ă lâassociation ouvriĂšre hollandaise Volksbond dont le but est « dâamĂ©liorer la condition morale et matĂ©rielle du peuple dans lâesprit et dâaprĂšs les principes de lâĂglise catholique ». Tout au long de sa vie, il publiera plusieurs textes portant sur les conditions ouvriĂšres, le syndicalisme catholique et lâaction sociale.
Suite Ă un voyage en France en 1913 oĂč il participe Ă une Semaine sociale de France Ă Versailles, il dĂ©cide de mettre en place la Semaine sociale du Canada. La PremiĂšre Guerre mondiale Ă©clatant, ce nâest quâen 1920 que la premiĂšre Semaine sociale du Canada a lieu. Lors de cet Ă©vĂ©nement, on y prĂ©sente des cours et des confĂ©rences sur des thĂšmes choisis. Les informations relatives Ă cette « universitĂ© temporaire et ambulante » se retrouvent dans lâouvrage La PremiĂšre Semaine sociale du Canada : but et esprit, sujet d’Ă©tude, programme.
Pendant de nombreuses annĂ©es, le PĂšre Papin mĂšne une lutte acharnĂ©e contre le communisme, quâil voit comme une des plus grandes menaces Ă la Foie catholique. En 1935, parlant de la lutte contre le communisme, il dit que « câest parce que nous avons ouvert nos portes toutes grandes aux immigrants que le communisme sâest installĂ© chez nous. Il faut maintenant les tenir fermĂ©es, puis refuser la naturalisation Ă tout Ă©tranger suspect de tendances communistes ». Toujours parlant du communisme, il dĂ©clare en 1938 quâ« ici, comme ailleurs, il exerce ses ravages. On connaĂźt sa haine du catholicisme, les procĂ©dĂ©s insidieux qu’il emploie, les ressources abondantes dont il dispose. Ses agents sont des laĂŻcs. Ils s’insinuent dans tous les milieux et tĂąchent de les conquĂ©rir. »
En 1945, il reçoit un doctorat honoris causa en sciences sociales de lâUniversitĂ© de MontrĂ©al.
Le 2 octobre 1966, Joseph-Papin Archambault dĂ©cĂšde Ă lâĂąge de 86 ans.
Les Ćuvres de Joseph-Papin Archambault qui entrent dans le domaine public sont nombreuses. Quelques exemples sont prĂ©sentĂ©s dans les sources ayant servies Ă rĂ©diger cet article.
SOURCES
- Archambault, Joseph-Papin. L’Organisation ouvriĂšre catholique en Hollande. Ăcole sociale populaire no1. MontrĂ©al, 1911. http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2274110
- Archambault, Joseph-Papin. La Menace communiste au Canada, Ăcole sociale populaire no. 254-255. MontrĂ©al, 1935. http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2561395
- Archambault, Joseph-Papin. Les Vingt-cinq ans de l’Ăcole sociale populaire, 1911-1936 : une Ćuvre de doctrine et de salut. Ăcole sociale populaire no. 269-270. MontrĂ©al, 1936. http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2274248
- Archambault, Joseph-Papin. Sous la menace rouge. LâĆuvre des tracts. MontrĂ©al, 1936. http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2241145
- Archambault, Joseph-Papin. L’Action catholique d’aprĂšs les directives pontificales. Ăcole sociale populaire. MontrĂ©al, 1938. http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2274176
- Archambault, Joseph-Papin. Le ProblĂšme de la jeunesse. Ăcole sociale populaire no. 394. MontrĂ©al, 1946 http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2274223
- Archambault, Joseph-Papin. Le Logement populaire, problĂšme capital. Ăcole sociale populaire no. 397. MontrĂ©al, 1947. http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2274203
- Archambault, Joseph-Papin. De la Ligue des droits du français Ă l’Action française. L’Action nationale, Volume LII, no. 7-8. Mars-avril 1963. p.647 http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2230789
- Un grand apÎtre social disparait : le R. PÚre J.-Papin Archambault, s.j.. La Presse, 4 octobre 1966, p. 57. http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2698197
- Groulx, Lionel. Lâanimateur de lâ« Action française ». Relations, no. 310, MontrĂ©al, novembre 1966. p. 296-297. http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2507500
- ArĂšs, Richard. Le PĂšre Joseph-Papin Archambault, S. J. (1880-1966) : sa vie, ses Ćuvres. Cahiers dâhistoire des JĂ©suites. no. 5, 1983. http://iris.banq.qc.ca/alswww2.dll/APS_ZONES?fn=ViewNotice&Style=Portal3&q=137892&Lang=FRE
- Kantorowski, FrĂ©dĂ©ric. Archambault, Joseph-Papin. L’encyclopĂ©die Canada 2000. StankĂ© Ăditeurs, MontrĂ©al, 2000, p.114-115 http://iris.banq.qc.ca/alswww2.dll/APS_ZONES?fn=ViewNotice&Style=Portal3&q=573130&Lang=FRE