La parution de LâAstragale en 1965 aux Ăditions Pauvert a surpris et Ă©tonnĂ© le public lecteur de lâĂ©poque. Une jeune femme y dĂ©crit sa vie dans le milieu carcĂ©ral, son aventure aprĂšs une Ă©vasion au cours de laquelle elle se brise lâos du pied (dâoĂč le nom du roman) et sa relation complice et amoureuse avec Julien, plus ĂągĂ© quâelle mais dĂ©linquant, qui lâa recueillie et faite soigner â relation faite de comprĂ©hension et dâattachement indĂ©fectible.
GrĂące Ă son style simple, clair, prĂ©cis, Ă©mouvant et naturellement vrai, en aucun moment ressent-on de lâagressivitĂ© ou un esprit revendicatif envers la sociĂ©tĂ© conventionnelle qui la rejetait.
Albertine, enfant abandonnĂ©e Ă sa naissance, adoptĂ©e Ă 18 mois ans par un couple aisĂ©, rigide dans ses convictions et rĂšgles de vie, sera une rebelle asociale mais dĂ©sirant ĂȘtre comprise, acceptĂ©e et aimĂ©e. La psychiatre qui la suivit en prĂ©vention lâa aidĂ©e moralement et câest par ses soins que les Ă©crits dâAlbertine ont pu ĂȘtre publiĂ©s. LâAstragale lui a dâailleurs Ă©tĂ© dĂ©diĂ©. Cette Ćuvre qui tient Ă la fois du roman autobiographique, du documentaire et du fait social a Ă©tĂ©, rapidement et mondialement, reconnu dĂšs sa publication.
Albertine a continuĂ© Ă Ă©crire Ă travers ses joies et ses Ă©preuves avec une merveilleuse foi en la vie. Son dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ© Ă l’Ăąge de 30 ans des suites d’une opĂ©ration rĂ©nale entachĂ©e de nĂ©gligences aboutira Ă un procĂšs, grĂące Ă la persĂ©vĂ©rance de Julien, qui ouvrit la voie Ă l’amĂ©lioration du contrĂŽle dâanesthĂ©sie et Ă la crĂ©ation dâune salle de rĂ©veil avec surveillance mĂ©dicale. Autant d’avancĂ©es mĂ©dicales notables qui paraissent Ă©videntes aujourdâhui.
Mon passĂ© me plaĂźt, je nâen changerais pour rien au monde; regretter est se renier⊠et je le porte, mentalement, la tĂȘte si haute que jâen ai parfois des crampes.
Cette citation est extraite du film documentaire Albertine Sarrazin, le roman dâune vie consultĂ© le 19 dĂ©cembre 2017:
Domaine public
LâĆuvre dâAlbertine Sarrazin entre dans le domaine public au Canada le 1er janvier 2018.
- La Cavale (Jean-Jacques Pauvert, 1965) adapté au cinéma par Michel Mitrani en 1971
- L’Astragale (Jean-Jacques Pauvert, 1965) adaptĂ© au cinĂ©ma par Guy Casaril en 1969, et par Brigitte Sy en 2015.
- La TraversiÚre (Jean-Jacques Pauvert, 1966)
- Romans, lettres et poÚmes (Jean-Jacques Pauvert, 1969)
- PoÚmes (Jean-Jacques Pauvert, 1969)
- Lettres à Julien (Pauvert, 1971)
- Le Times, journal de prison 1959Â (Ă©ditions Sarrazin, 1972)
- La CrĂšche, Bibiche, l’Affaire Saint-Jus, le Laveur (nouvelles, Ă©ditions Sarrazin, 1973).
- Lettres de la vie littéraire (Pauvert, 1974)
- Le Passe-Peine (Julliard, 1976)
- Biftons de prison (1976)
- Bibiche, vu par Annabelle Guetatra, Les Ă©ditions du Chemin de fer, 2012.
L’ensemble de ces livres a Ă©tĂ© tirĂ© Ă plus de 3 millions d’exemplaires.
Disponibilité en bibliothÚque
- BibliothÚque et Archives nationales du Québec : Albertine Sarrazin (1937-1967). (Iris)
Aujourdâhui une bonne partie des Ćuvres disponibles au catalogue de la Grande BibliothĂšque sont en rĂ©serve et doivent donc faire lâobjet de demandes pour ĂȘtre empruntĂ©es. Une sortie de ce purgatoire pour un an, en lâhonneur de lâĂ©lĂ©vation de lâĆuvre au domaine public, serait une bonne façon de la cĂ©lĂ©brer, surtout lorsquâon sait que lâauteure a passĂ© une bonne partie de sa courte vie derriĂšre les barreaux.
- BibliothĂšque et Archives de lâUniversitĂ© McGill : Albertine Sarrazin (WorldCat)
Références
- Albertine Sarrazin dans Wikipédia (page consultée le 19 décembre 2017).
- Site officiel dâAlbertine et Julien
Illustration : Albertine Sarrazin. Photo attribuée à Lucien Clergue (1934-2014) sur Babelio.