Ses mémoires composent le tableau triste d’un demi-siècle de luttes que Balabanova déclare avoir perdues mais sans que jamais les convictions et les idéaux qu’elles chérissaient ne s’en trouvent altérées. Elle naît le 7 mai 1878 à Tchernihiv au sein d’une famille fortunée d’origine juive ukrainienne. En âge de voler de ses propres ailes, elle se rebelle et quitte avec fracas le giron familial pour aller étudier la philosophie et la littérature à Bruxelles. Animée de profonds sentiments de compassion et d’injustice à l’égard des opprimés et des exploités, elle découvre la pensée radicale et rejoint le mouvement socialiste. À Rome, elle s’implique auprès des travailleurs de l’industrie textile et adhère au Parti socialiste italien dès 1900. C’est à cette occasion qu’elle fréquente des personnalités telles que Antonio Labriola, Giacinto Menotti Serrati, Benito Mussolini et Filippo Turati et qu’elle écrit des articles pour le quotidien socialiste Avanti!. Son engagement auprès des socialistes ne se tempère pas pendant la guerre, et l’on se rappelle qu’elle réclama avec véhémence l’exclusion de Mussolini de leurs rangs. Le journal de Trotsky, Nache Slovo lui sert de véhicule pour ses idées à cette époque. Installée en Suède, elle repart pour la Russie au moment de la révolution et rejoint le parti bolchévique. En 1919, elle est nommé secrétaire de la Troisième Internationale Communiste avec Vladimir Lenin,Leon Trotsky, Grigory Zinoviev, et Emma Goldman. Le bolchévisme ne tarde pas à la décevoir, elle en critique ouvertement la manière, puis décide de rentrer en Italie avec Giacinto Menotti Serrati pour renouer avec cette approche du socialisme qu’elle avait contribué à faire émerger et qui correspondait davantage à ses aspirations. L’arrivée du fascisme en Italie la contraint à l’exil en Suisse où elle poursuit son activité éditoriale avec la revue Avanti! Pendant la guerre, elle séjournera à Paris et à New York avant de retourner en Italie à la fin du conflit auprès du Parti des travailleurs socialistes qui deviendra le Parti socialiste-démocrate italien. Elle meurt le 25 novembre 1965 à Rome.
Incarnant le cosmopolitisme, ses connaissances de plusieurs langues lui ont permis de jouer un rôle politique stratégique dans l’essor du mouvement socialiste et un statut de précurseur dans l’Europe moderne. Sa carrière politique est conçue comme une contribution majeure au féminisme contemporain. C’est à ce titre qu’elle trouve sa place et sera immortalisée dans The Dinner Party de Judy Chicago.
Les archives d’Angelica Balabanova sont hébergées et conservées à l’Institut international d’histoire sociale d’Amsterdam.
Pour aller plus loin:
Domaine public:
Son oeuvre comprend des poèmes de même que des articles en différentes langues, de nombreuses monographies et cette autobiographie My Life as a Rebel (London: Hamish Hamilton, 1938) qui est disponible en anglais.