Je n’ai certes pas vu ce qu’on appelle la guerre, mais l’envers, et l’enfer de la guerre. C’est un voyage assez rĂ©ussi dans l’horreur, au pays de la mort.
Georges Duhamel dans une lettre Ă son ami, Charles Vildrac, 1915.
Georges Duhamel naĂźt Ă Paris, le 30 juin 1884, le troisiĂšme d’une famille de quatre enfants. Il effectue des Ă©tudes brillantes malgrĂ© une vie familiale instable en raison de dĂ©mĂ©nagements frĂ©quents dus au caractĂšre fantasque de son pĂšre. TiraillĂ© entre des vocations scientifique ou littĂ©raire, il choisit la mĂ©decine; ce qui ne l’empĂȘche pas de prendre la plume pour dĂ©velopper son talent d’Ă©crivain. DiplĂŽmĂ© en mĂ©decine et chimie biologique en 1910, il entre Ă l’emploi d’une entreprise pharmaceutique pour y travailler sur les propriĂ©tĂ©s des mĂ©taux Ă l’Ă©tat colloĂŻdal. Ce choix de carriĂšre lui accordant plus de disponibilitĂ© que le suivi de patients, il peut ainsi donner libre cours Ă ses aspirations littĂ©raires.
De 1906 Ă 1908, avec un ami,  Charles Vildrac, et son futur beau-frĂšre, RenĂ© Arcos, il rĂ©unit des peintres, musiciens, poĂštes et Ă©crivains et forme le groupe de l’Abbaye (Abbaye de CrĂ©teil). Il publie, dĂšs 1907, des poĂšmes et des rĂ©cits. Mais c’est au cours d’un des douloureux Ă©pisodes de la vie humaine que sa carriĂšre littĂ©raire prend son essor. Au cours de la PremiĂšre guerre mondiale, il s’engage volontairement, bien qu’il soit rĂ©formĂ© en raison d’une mauvaise vue. Il tire de son expĂ©rience sur les champs de bataille Ă titre de mĂ©decin, plusieurs rĂ©cits et poĂšmes qui expriment l’horreur de la guerre et le sort des soldats meurtris et traumatisĂ©s. Avec Blanche, sa femme, il entretient une volumineuse correspondance. Plusieurs des 2 500 lettres qu’il lui envoie durant ses quatre annĂ©es de mobilisation sont accompagnĂ©es de photographies qu’il prend Ă l’aide d’un petit appareil, le Pocket Kodak. Musicien autodidacte, il apprend le solfĂšge et la flĂ»te, entre deux opĂ©rations. Il transmettra son amour de la musique Ă ses enfants.
Afin de ne pas ĂȘtre accusĂ© de profiter de la guerre, il publie sous un pseudonyme, Denis ThĂ©venin, un tĂ©moignage, Civilisation, qui lui vaudra, en 1918, le prix Goncourt. Un des premiers mĂ©decins de guerre Ă relater des faits rĂ©els, Georges Duhamel, retourne, aprĂšs l’armistice, Ă la vie civile et abandonne la mĂ©decine pour se consacrer exclusivement Ă l’Ă©criture. Il dĂ©fend un humanisme moderne et s’insurge contre les excĂšs d’une civilisation mĂ©canique; position qu’il maintiendra face Ă l’omniprĂ©sence de la culture tĂ©lĂ©visuelle, dans les annĂ©es 60.
C’est en 1930 qu’il dĂ©bute un nouveau cycle, Chronique des Pasquier, son oeuvre la plus cĂ©lĂšbre. quasi autobiographique et emblĂ©matique d’une Ă©poque, qui sera publiĂ© de 1933 Ă 1945. Il voyage et prononce de nombreuses confĂ©rences faisant la promotion de la langue et de la culture françaises. Devenu directeur de la maison d’Ă©dition Mercure de France, en 1935, il est Ă©lu Ă l’AcadĂ©mie française l’annĂ©e suivante.
Pacifiste convaincu et partisan d’une amitiĂ© franco-allemande, il revient sur ses positions avec l’arrivĂ©e au pouvoir d’Hitler. Durant l’Occupation, ses ouvrages sont interdits par les nazis. La lecture reste, dit-il, un refuge dans les moments graves de la vie. Il tient tĂȘte, au cours de cette pĂ©riode, au gouvernement de Vichy et aux membres de l’AcadĂ©mie française qui soutiennent les forces d’occupation. Une position courageuse qui lui vaut les remerciements publics du GĂ©nĂ©ral de Gaulle. NommĂ©, prĂ©sident de l’Alliance française en 1947, Georges Duhamel demeure trĂšs activement engagĂ© pour la promotion de la culture et de la lecture. En 1950, Confession de minuit, un roman publiĂ©Â trente ans plus tĂŽt, est portĂ© sur la liste du Grand prix des Meilleurs romans du demi-siĂšcle.
Au dĂ©but des annĂ©es 60, sa santĂ© de dĂ©tĂ©riore. Georges Duhamel se retire peu Ă peu de la vie active. Il dĂ©cĂšde le 13 avril 1966, Ă Valmondois, dans le Val d’Oise.
à son fils, Antoine, compositeur de musique né en 1925, on doit les bandes originales des films Pierrot le fou (Jean-Luc Godard), Baisers volés (François Truffaut) et Ridicule (Patrice Lecomte).
Référence
Domaine public
- Vie des martyrs, Mercure de France, 1917.
- Civilisation. 1914-1917, Mercure de France, 1918.
- Confession de minuit, Mercure de France, 1920.
- MĂ©morial de Cauchois, Ed. de la Belle Page, 1927.
- La chronique des Pasquier, Mercure de France, 1933.
- La pesée des ùmes, 1914-1919, Mercure de France, 1949.
- ĂlĂ©vation et mort dâArmande Branche, Grasset, 1919.
- Entretiens dans le tumulte, Chronique contemporaine. 1918-1919, Mercure de France, 1919.
- Guerre et littérature, Les cahiers des amis du livre, 1920.
- ĂlĂ©gies, Mercure de France, 1920.
- Les sept derniĂšres plaies, Mercure de France, 1928.
- La possession du monde, Mercure de France, 1930.
On trouvera une liste plus exhaustive dans l’entrĂ©e au nom de l’auteur, sur WikipĂ©dia.
Sources
- Académie française.
- Les amis de Georges Duhamel et de l’Abbaye de CrĂ©teil, site officiel de l’association.
- Histoires 14-18: Georges Duhamel, médecin et prix Goncourt (vidéo, 1:44 min.), France 3, 17 mai 2016.
- Civilisation, vidĂ©o rĂ©alisĂ©e Ă partir d’un extrait du livre de Georges Duhamel, web-sĂ©rie documentaire Ăcrivains dans la guerre, 2013.
- Lectures pour tous, Georges Duhamel, émission de Pierre Desgraupes , RTF, 1955.
- Georges Duhamel, BNF.