Missionnaire de la congrégation des Oblats de Marie-Immaculée, Joseph-Étienne Guinard, a œuvré toute sa carrière auprès des Amérindiens, particulièrement ceux de la tribu des Attikamek et des Têtes-de-Boules en Haute-Mauricie. Il est reconnu pour ses études linguistiques et son travail de traduction des noms amérindiens du Canada.
Guinard naît le 16 octobre 1864 à Maskinongé qui est alors un petit village rural entre Trois-Rivières et Québec où les terres sont généreuses. Quatrième d’une famille de dix enfants, il est le fils d’Olivier Guinard, un cultivateur prospère, et de Marie Ross, de descendance écossaise. Il a fait ses études primaires à Maskinongé, son cours classique au séminaire de Trois-Rivières et ses études de théologie au scolasticat Saint-Joseph, à Archville, près d’Ottawa. L’appel de la foi se révèle au moment du décès de sa mère, en 1887, il a 23 ans et décide de se joindre à la communauté des Oblats. Ordonné prêtre en décembre 1891, par Joseph-Thomas Duhamel, deuxième évêque d’Ottawa, on lui confie tout de suite les missions indiennes. Il fonde à la Baie James, les premières résidences missionnaires dans cette région : Fort Albany, avec le père Fafard et le frère Grégoire Lapointe, ensuite Weenisk à l’embouchure de la rivière Weenisk en Ontario, et Attawpicat à l’embouchure de la rivière Weenisk. Il y restera six ans avec de retourner à Montréal en 1898 dans la paroisse Saint-Pierre-Apôtre où il sera chargé de la publication de livres religieux en langue amérindienne.
Quelques années plus tard, on l’envoie à Maniwaki pour évangéliser et pour superviser l’édition d’un catéchisme en langue crie. Pendant plus de trente ans, il se consacre aux missions cris et algonquines de l’Est, en Haut-Saint-Maurice, perfectionnant sa maîtrise des langues amérindiennes. En 1960, paraît l’ouvrage Les noms indiens de mon pays : Leur signification, leur histoire dans lequel il se porte à la défense des langues amérindiennes :
On devrait écrire et prononcer avec plus de respect, je veux dire plus correctement, ces noms indiens si riches et si savoureux qui jalonnent notre pays. Malheureusement, comme on les défigure ! Sur les cartes géographiques, les bureaux de poste, les gares de chemins de fer, les navires, on en fait trop souvent des patois et des jargons, qui n’ont de sens dans aucune langue du monde. Si le présent ouvrage peut servir la cause et restituer aux noms indiens du Canada leur vraie beauté, je ne regretterai jamais de l’avoir écrit. (Les Noms indiens de mon pays : leur signification, leur histoire, préface)
Il a aussi rédigé ses mémoires en 1943 au cours d’une année de ressourcement à la demande de son supérieur, le père Eugène Guérin. L’ethnologue Serge Bouchard a signé une présentation de ses Mémoires d’un père Oblat (réédité sous le titre de Les Mémoires d’un simple missionnaire : le père Joseph Étienne Guinard, 1864-1965) qui propose une mise en contexte remarquable de la contribution de Guinard et de son époque.
Au moment d’écrire Les noms indiens de mon pays, en 1960, il est le doyen des oblats canadiens et un des plus vieux prêtres du monde. Il est mort en 1965.
Pour aller plus loin:
- Article dans Wikipédia
- Présentation par Serge Bouchard, dans Les Mémoires d’un simple missionnaire : le père Joseph Étienne Guinard, 1864-1965 (page 7-27), Éditions du ministère des Affaires culturelles du Québec, 1980.
- Extrait du manuscrit Mémoires d’un père Oblat
- Le père Joseph-Étienne Guinard, missionnaire centenaire (1864-1965), Raymond Douville, M.S.R.C., Rapport – Société canadienne d’histoire de l’Église catholique, Les Éditions Historia Ecclesiæ Catholicæ Canadensis Inc., Volume 32, 1965, p. 55-66, ISSN : 0318-6148 (imprimé) 1927-7075 (numérique), DOI : 10.7202/1007331ar
Domaine public:
- Joseph Étienne Guinard, missionnaire oblat, Les Noms indiens de mon pays : leur signification, leur histoire, édition du Rayonnement, Montréal, 1960.
- Joseph Étienne Guinard, Mémoires d’un père Oblat, 1946.