«J’ai 16 ans. Le lever de soleil est extraordinaire. Il est féerique, rose, complètement rose comme un feu de Bengale, tout est enveloppé de tarlatane, c’est merveilleux.» (Julie Manet, 14 novembre 1894, Journal, 1893 – 1899)
Julie Manet, née à Paris le 14 novembre 1878, est la fille de l’artiste peintre Berthe Morisot et d’Eugène Manet, le frère cadet du peintre Édouard Manet. Fille unique du couple, elle grandit au sein d’un milieu aisé et artistique qui voit émerger, outre son oncle, les figures de proue de mouvements qui sont en rupture avec la peinture académique telles que Renoir, Degas et Sisley.
Dès l’enfance, Julie pose pour sa mère , ainsi que pour les nombreux artistes qui gravitent autour des impressionnistes. Berthe Morisot, lui apprend à peindre et celle-ci la suit lorsqu’elle part à la recherche de sujets. Julie a 12 ans lorsqu’elle réalise une esquisse d’un des modèles de sa mère: Paysanne parmi les tulipes.
Jeune fille, elle relate les faits marquants d’une fin de siècle riche en événements artistiques et socio-politiques dans son journal intime. Rédigé entre les années 1893 et 1899, celui-ci sera publié en 1979. On y retrouve, entre autres, la relation candide de discussions sur l’affaire Dreyfus qui expose les vues antisémites de grands noms de la peinture.
Elle devient orpheline à l’âge de 16 ans, à la suite du décès de son père en 1892 et de celui de sa mère, emportée par une grippe, en 1895. Le poète Stéphane Mallarmé devient son tuteur et s’occupe d’elle et de ses cousines, également devenues orphelines. Julie reçoit également le soutien des amis de ses parents, notamment Pierre-Auguste Renoir qui restera lui restera très attaché.
Elle épouse en 1900 le fils du peintre Henri Rouart, Ernest, qui est lui-même peintre et graveur. Les Rouart, une famille d’industriels fortunés, sont également artistes et collectionneurs d’art. Le couple aura trois garçons: Julien, Clément et Denis.
Tout en continuant de pratiquer son art, Julie organise des expositions mettant en vedette les œuvres de sa mère. Avec son mari, elle fait don de plusieurs œuvres de sa mère aux musées français, dont le Musée Marmottan. Elle mène une existence confortable et sa peinture, principalement des portraits de proches et d’amis, est le reflet d’une vie familiale heureuse. Au fil du temps qui passe, son style, très influencé par l’impressionnisme, apparaît plus conventionnel face aux pratiques picturales de l’art moderne. Elle décède le 14 juillet 1966, à Paris.
Jean-Marie Rouart, romancier et membre de l’Académie française, est son petit-neveu.
Sources
- Extraits du journal de Julie Manet http://coquelicoquillages.blogspot.ca/2012/10/journal-de-julie-manet-fille-de-berthe.html
- Julie Manet, Renoir and the Dreyfus affair, Philip McCouat, Journal of art in Society, 2014 http://www.artinsociety.com/julie-manet-renoir-and-the-dreyfus-affair.html
Oeuvre
Journal, 1893 – 1899 / Julie Manet, Paris: Scala , 1987.