Lucy Maud Montgomery

Nous soulignons cette année le cinquième anniversaire du Calendrier de l’avent du domaine public 📚 Édition québécoise en célébrant cinq figures de femmes dont les œuvres appartenaient déjà au domaine public canadien avant le démarrage du projet. Lucy Maud Montgomery, née en 1874 et décédée en avril 1942, est la quatrième d’entre elles.

 
Lucy Maud Montgomery est sans aucun doute l’écrivaine canadienne la plus connue internationalement. Son premier roman, Anne of Green Gables, est un succès dès sa parution en 1908. L’histoire de cette orpheline intelligente et loquace, Anne Shirley, adoptée par un frère et une sœur qui souhaitaient plutôt un garçon, semble avoir trouvé une résonance universelle. Depuis plus d’un siècle, son succès en librairie est durable et le roman a été traduit en plus de 36 langues ainsi qu’en braille. On peut compter aussi plusieurs dizaines d’adaptations en différents formats, soit pour le cinéma, la radio, la télévision ou le théâtre.

L’œuvre complète de Montgomery est composée de 500 nouvelles, vingt romans, deux livres de poésie ainsi que des extraits de son journal intime que l’écrivaine colligeait depuis l’âge de 9 ans. « Nommée Officier de l’Ordre de l’Empire britannique et de l’Institut littéraire et artistique de France, Lucy Maud Montgomery a également été déclarée Personne d’importance historique nationale par le Canada.»¹

L’histoire d’Anne Shirley est inspirée de certains aspects de la propre vie de l’écrivaine. Lucy Maud Montgomery naît à Clifton à l’Île-du-Prince-Édouard. Sa mère décède, alors qu’elle a à peine deux ans. Son père déménage en Saskatchewan, laissant la petite fille entre les mains de ses grand-parents, déjà âgés. L’abandon parental sera un thème important dans son œuvre, de même que la nature et la beauté de l’Île-du-Prince-Édouard, décor de presque tous ses romans.

Après ses études, elle occupe un poste d’institutrice dans différentes communautés de l’île, de 1894 à 1898. À la mort de son grand-père, en 1898, elle retourne vivre à Cavendish afin de s’occuper de sa grand-mère et du bureau de poste local. Elle publie plusieurs récits et poèmes à partir de 1898 et réussit à s’établir comme écrivaine professionnelle. Mais c’est la publication en 1908 du roman d’Anne of Green Gables, (ou Anne, la maison aux pignons verts), qui la consacre véritablement comme auteure de fiction et lui permet de vivre désormais exclusivement de sa plume.

Le 5 juillet 1911, peu de temps après la mort de sa grand-mère, elle épouse Ewen Macdonald, ministre presbytérien, et s’installe à Leaskdale, en Ontario, où son mari est affecté à une paroisse. Le couple aura trois garçons, dont l’un décède à la naissance. Elle passera le reste de sa vie en Ontario, malgré des retours fréquents dans sa province natale.

Elle connaît des différends importants avec son premier éditeur et et entame des actions judiciaires contre lui. Mais elle restera en mesure de tirer un revenu stable de ses écrits ce qui lui permettra de maintenir le niveau de vie de sa famille, « en soi, un accomplissement remarquable pour une écrivaine du début du XX^e siècle ».²

Contrainte par son premier éditeur, elle écrit deux suites au premier roman d’Anne: Anne d’Avonlea (1909) et Anne quitte son île (1915). Puis, avec McClelland et Stewart/Stokes, Lucy Maud Montgomery écrit cinq autres suites: Anne dans sa maison de rêve (1917), La Vallée arc-en-ciel (1919), Anne… Rilla d’Ingleside (1920), Anne au domaine des peupliers (1936) et Anne d’Ingleside (1939).

Son rôle d’épouse de ministre prend beaucoup de son temps, particulièrement en raison de la détérioration croissante de la santé mentale de son mari, qui est admis dans un sanatorium en 1934, et démissionne de sa paroisse en 1935. Elle-même connaît des fortes périodes de dépression. Comme son mari, elle est traitée aux barbituriques, avec des doses de plus en plus fortes. Elle s’éteint le 24 avril 1942 après une longue période de maladie marquée par l’anxiété, la dépression et une importante perte de poids.

L’héritage

Avant la Première Guerre, Lucy Maud Montgomery connaît un succès mondial et reçoit de nombreux honneurs. Après la guerre, les critiques littéraires commencent à établir une différence entre la littérature intellectuelle et la littérature peu intellectuelle. Les écrits de Montgomery sont alors considérés comme une littérature sentimentale et naïve convenant davantage aux femmes et aux enfants. Malgré ces critiques, l’intérêt pour l’œuvre de Montgomery a persisté tout au long du XXe siècle, particulièrement en Pologne et au Japon.

En 1993, l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard met sur pied le L. M. Montgomery Institute³. Depuis, l’établissement organise tous les deux ans une conférence internationale analysant l’œuvre de Montgomery. L’Université de Guelph détient la majorité de ses archives personnelles.

C’est dans le dernier quart du XXe siècle qu’on réévalua l’importance de cette écrivaine, principalement à travers les études féministes:

« Ses romans et ses journaux intimes sont d’importants témoignages qui décrivent la continuité et le changement dans la vie et la société canadiennes, la condition féminine, l’autorité de la religion, le développement des professions, les répercussions de la Première Guerre mondiale et de la grande dépression, l’évolution de l’édition internationale et le gigantesque passage de la vie agricole à l’industrialisation. » — Mary Henly Rubio⁴

Domaine public

Toutes les œuvres originales de Lucy Maud Montgomery sont dans le domaine public canadien depuis le 1er janvier 1992. Elles sont trop nombreuses pour toutes les citer ici mais sa notice Wikipedia (en) en propose une liste exhaustive.

Sources et références

• Andrew McIntosh et Cecily Devereux. « Lucy Maud Montgomery ». L’Encyclopédie canadienne. Consultée le 18 décembre 2019.
• Mary Henly Rubio. « MONTGOMERY, LUCY MAUD (Macdonald) ». Dictionnaire biographique du Canada, Volume XVII (1941-1950).
• « Lucy Maud Montgomery ». Wikipédia.

1. Andrew McIntosh et Cecily Devereux. « Lucy Maud Montgomery ». L’Encyclopédie canadienne.
2. Ibid.
3. Site web: L. M. Montgomery Institute. University of Prince Edward Island
4. Mary Henly Rubio. «MONTGOMERY, LUCY MAUD (Macdonald)». Dictionnaire biographique du Canada, Volume XVII (1941-1950).

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