AprĂšs Ida Presti, une autre musicienne sort de lâombre dans ce Calendrier de lâAvent du domaine public : Paule Maurice. La raison de ces oublis est-elle que ce sont des femmes? Une petite recherche rapide sur un tĂ©lĂ©phone cellulaire indique que Paule Maurice Ă©tait une compositrice, Ă©pouse de Pierre Lantier. La mention matrimoniale disparaĂźt dans la version non mobile de WikipĂ©dia, mais il est quand mĂȘme toujours surprenant de voir quâune artiste a du mal Ă exister sans ĂȘtre « la femme de »…
Fait tout aussi surprenant, la notice anglaise de WikipĂ©dia sur Paule Maurice est bien plus longue et dĂ©taillĂ©e que son homologue française. Peut-ĂȘtre est-ce grĂące au travail dâun Ă©tudiant de la Florida Atlantic University, Anthony Jon Moore, qui rĂ©digea en 2009 un mĂ©moire de maĂźtrise intitulĂ© Who is Paule Maurice? Her relative anonymity and its consequences[1].
Alors, qui est Paule Maurice? Comme elle lâĂ©crit elle-mĂȘme dans un bref curriculum vitae manuscrit[2], Paule Maurice est nĂ©e Ă Paris en 1910 et a fait ses Ă©tudes au Conservatoire National SupĂ©rieur de Paris. Elle cite ses maĂźtres, indique quâelle a formĂ© de nombreux Ă©lĂšves, certains devenus depuis professeurs ou ayant remportĂ© le Grand Prix de Rome. Avec son mari, elle a notamment Ă©crit un TraitĂ© dâharmonie, cette « science des accords et de leurs enchaĂźnements » [qui] « considĂšre la musique sous son aspect vertical » (Marcel Bitsch dans son PrĂ©cis dâharmonie tonale de 1954[3]). Elle prĂ©sente son traitĂ© comme un « important ouvrage pĂ©dagogique qui est en usage dans un grand nombre dâĂ©coles françaises et Ă©trangĂšres ».
Paule Maurice fut rĂ©pĂ©titrice et professeure de dĂ©chiffrage. Ăgalement compositrice, elle est surtout connue pour sa piĂšce Tableaux de Provence, suite pour saxophone et orchestre, un des peu nombreux morceaux classiques Ă©crit pour le saxophone, cet instrument si parfaitement associĂ© au jazz. Ces « Tableaux » ont Ă©tĂ© « composĂ©s au dĂ©but de 1958, et dĂ©diĂ©s au prestigieux saxophoniste Marcel Mule qui les a enregistrĂ©s [avec piano, en 1963] », selon Paule Maurice elle-mĂȘme[4].
On en apprend un peu plus dans une lettre que la compositrice Ă©crit en 1960 Ă Jean-Marie Londeix, l’un des premiers saxophonistes Ă jouer les Tableaux en concert. Paule Maurice y raconte quâelle a commencĂ© Ă composer cette Ćuvre douze ans plus tĂŽt et quâune remarque de Marcel Mule, jugeant le morceau trop facile, lâincita Ă la retravailler en y ajoutant dâautres parties! Parisienne, elle y dĂ©crit aussi son amour pour la Provence et, surtout, comment la perte dâun parent aimĂ© teinte l’un des mouvements Ă©crit en deux jours de chagrin[5].
Domaine public
Les compositions de Paule Maurice, dĂ©cĂ©dĂ©e en 1967, entrent dans le domaine public canadien le 1er janvier 2018. Ce n’est cependant pas le cas de son TraitĂ© dâharmonie, Ă©crit avec son mari, qui disparut en 1998. Il faudra donc attendre 2048 pour que cet ouvrage entre Ă son tour dans le domaine public canadien.
Références
Notes et liens complémentaires
- âŹïž Who is Paule Maurice? Her relative anonymity and its consequences. A Thesis Submitted to the Faculty of The Dorothy F. Schmidt College of Arts and Letters in Partial Fulfillment of the Requirements for the Degree of Master of Arts.
- âŹïž Biographie de Paule Maurice (1960). Document manuscrit, Centre EuropĂ©en de Saxophone.
- âŹïž PrĂ©cis dâharmonie tonale, par Marcel Bitsch (1954). A. Leduc, Paris, ©1957. Exemplaires disponibles dans les Conservatoires de musique du QuĂ©bec.
- âŹïž Note de programme de la compositrice: Tableaux de Provence. Document manuscrit, Centre EuropĂ©en de Saxophone.
- âŹïž Paule Maurice Ă Jean-Marie Londeix â 29 novembre 1960 (ibid).