Difficile Ă prĂ©senter en quelques paragraphes, Alexandra David-NĂ©el est un personnage gigantesque et fascinant, nĂ© en 1868 Ă Saint-MandĂ© (France) et dĂ©cĂ©dĂ© Ă prĂšs de 101 ans, le 8 septembre 1969. Elle est lâobjet de nombreuses biographies et plusieurs pages web lui sont consacrĂ©es.
En 1924, elle fut la premiĂšre femme occidentale Ă atteindre Lhassa, capitale du Tibet, ville encore interdite dâaccĂšs Ă lâĂ©poque. Les journaux se firent lâĂ©cho de cet exploit, ce qui contribua Ă asseoir sa renommĂ©e Ă titre dâexploratrice.
On peut Ă©couter ici les entretiens quâelle a accordĂ©s en 1954, Ă lâĂąge de 86 ans, au journaliste Michel Manoll, aprĂšs lâinvasion du Tibet par la Chine:
1885-1902: la cantatrice
Câest comme si Alexandra David-NĂ©el avait eu plusieurs vies. Sa famille, d’origine française, sâinstalle Ă Bruxelles en 1874. Ă lâĂąge de 18 ans, Alexandra entreprend des Ă©tudes musicales et lyriques au Conservatoire royal de Bruxelles. En 1888, elle obtient le premier prix en chant thĂ©Ăątral français. Elle commence aussi Ă sâintĂ©resser aux Ă©tudes orientalistes. GrĂące Ă un hĂ©ritage lĂ©guĂ© par sa marraine, elle visite lâInde en 1890 et y sĂ©journe pendant un an. De 1892 Ă 1900, elle est cantatrice et voyage dans de nombreux pays : France, Belgique, GrĂšce, Afrique du Nord et Indochine. De 1895 Ă 1897, elle devient mĂȘme premiĂšre chanteuse Ă lâOpĂ©ra de Hanoi.
1904-1911: la femme mariée et la journaliste-écrivaine
En 1902, elle prend la direction du Casino de Tunis. Deux ans plus tard, Ă lâĂąge de 36 ans, elle Ă©pouse Philippe NĂ©el, ingĂ©nieur en chef des chemins de fer tunisiens. Commence alors pour Alexandra une sĂ©rie de voyages en Europe, en Afrique du Nord et au Proche-Orient. Câest aussi Ă ce moment que dĂ©bute une correspondance entre les deux Ă©poux, correspondance qui durera pendant 37 ans, jusquâĂ la mort de son mari en 1941.
En 1907, paraĂźt son premier ouvrage dâorientalisme sur le philosophe chinois Mo-Tse1, suivi, en 1909, dâun deuxiĂšme ouvrage2 sur la philosophie chinoise, et dâun troisiĂšme 3 sur le bouddhisme en 1911.
1911-1969: lâexploratrice, la confĂ©renciĂšre et lâĂ©crivaine
La mĂȘme annĂ©e, Alexandra quitte Tunis pour lâInde pour un voyage quâelle souhaite dâune durĂ©e de 18 mois. Elle reviendra en Europe quelques quatorze annĂ©es plus tard… AprĂšs sâĂȘtre installĂ©e Ă Calcutta afin d’Ă©tudier le sanskrit, elle entreprend un long voyage Ă travers lâAsie : Sikkim, NĂ©pal, Japon, CorĂ©e, Chine, Mongolie et, bien sĂ»r, le Tibet. Durant ce voyage, elle engage en 1914 Aphur Yongden, jeune garçon de 15 ans originaire du Sikkim, quâelle adoptera comme son fils en 1929.
Câest en 1924 quâelle rĂ©ussit Ă pĂ©nĂ©trer Ă Lhassa, dĂ©guisĂ©e en mendiante accompagnant en pĂšlerinage son fils, le lama Yongden. Elle fait constater son exploit par un agent britannique de GyantsĂ© et revient en France lâannĂ©e suivante oĂč les journalistes soulignent son audace. Elle fait alors la une des journaux et magazines et entreprend une grande tournĂ©e de confĂ©rences Elle est dĂ©corĂ©e de la LĂ©gion dâhonneur en 1927. Le rĂ©cit de son aventure fait l’objet d’un livre, Voyage d’une Parisienne Ă Lhassa, traversĂ©e du Tibet Ă pied et en mendiant 4, publiĂ© Ă Paris, Londres et New York, en 1927.
Elle achĂšte une maison Ă Digne-les-Bains en 1928 et sây installe avec le lama Yongden. Elle poursuit ses confĂ©rences en Europe et Ă©crit plusieurs livres relatant ses pĂ©rĂ©grinations. En 1937, Ă lâĂąge de 68 ans, elle dĂ©cide de repartir pour la Chine avec Yongden afin dâĂ©tudier le taoĂŻsme ancien. Fuyant les bombardements dâune Chine en pleine guerre sino-japonaise, elle se retranche au Tibet et y restera encore cinq ans avant de retourner en Chine en 1943, puis en France en 1946. AgĂ©e de 78 ans, elle se rĂ©installe alors Ă Digne, Ă©crivant sans cesse et donnant de nombreuses confĂ©rences.
En 1955, Yongden meurt, foudroyĂ© par une crise dâurĂ©mie. En 1959, Marie-Madeleine Peyronnet est engagĂ©e Ă titre de secrĂ©taire, ce qui permet Ă Alexandra de poursuivre son travail dâĂ©criture.
Ă cent ans et demi, Alexandra David-NĂ©el demande le renouvellement de son passeport au prĂ©fet des Basses-Alpes. Elle s’Ă©teint le 8 septembre 1969. Ses cendres sont transportĂ©es Ă BĂ©narĂšs en 1973 par madame Peyronnet pour ĂȘtre immergĂ©es avec celles de son fils adoptif dans le Gange.
Domaine public
On trouvera une bibliographie complĂšte de ses Ă©crits sur le site de la Maison Alexandra David-NĂ©elâSamten Dzong.
Sources et références
- David-NĂ©el, Alexandra. Correspondance avec son mari, 1904-1941. Ădition intĂ©grale. Paris, Plon, 2000. 943 pages.
- Van Grasdorff, Giles. Alexandra David-NĂ©el. Paris, Pygmalion, 2011. 440 pages.
- Wikipédia. « Alexandra David-Néel »
Notes et liens complémentaires
- Le philosophe Meh-ti (ou Mo-tse) et lâidĂ©e de solidaritĂ©. Londres, Luzac et Cie, 1907.
- Les théories individualistes dans la philosophie chinoise. Paris, Giard et BriÚre, 1909.
- Le modernisme bouddhiste et le bouddhisme du Bouddha. Paris, Alcan, 1911.
- Voyage d’une Parisienne Ă Lhassa, traversĂ©e du Tibet Ă pied et en mendiant. Paris, Plon, 1927.