Elizabeth Wyn Wood est une sculptrice qui a contribuĂ© activement Ă la vie culturelle canadienne, notamment par son enseignement et son engagement au sein de divers groupes de soutien aux artistes. NĂ©e le 8 octobre 1903, Ă Orillia, dans la province de l’Ontario, elle entre au Ontario College of Arts pour y apprendre la sculpture. Elle poursuit ensuite des Ă©tudes au Art Students League of New York, une institution trĂšs prisĂ©e par les artistes, Ă©lĂšves et professeurs. L’art Ă©gyptien, dont le hiĂ©ratisme et la simplicitĂ© de sa composition l’intĂ©ressent tout particuliĂšrement, aura une influence sur son style. Elle Ă©pouse, en 1926, Emanuel Hahn, un sculpteur et graveur-mĂ©dailleur d’origine allemande qui lui a enseignĂ© le modelage au OCA.
En 1928, avec d’autres Ă©minents artistes de son Ă©poque, tels que Frances Loring, Alfred LalibertĂ©, Henri HĂ©bert (fils de Louis-Philippe HĂ©bert), et son mari, Elizabeth fonde la SociĂ©tĂ© des sculpteurs du Canada afin de promouvoir la sculpture contemporaine canadienne.  Proche des mouvements d’art moderne, dont les peintres du Groupe des Sept, elle exprime, avec le mĂȘme dĂ©pouillement, des Ă©lĂ©ments du paysage du nord de l’Ontario comme dans cette oeuvre, Dead tree island, rĂ©alisĂ©e en 1929. Le style de ses monuments et bas-reliefs est rĂ©solument moderniste. Parmi ses Ćuvres les plus connues, on retrouve le monument aux morts de la premiĂšre guerre mondiale de Welland Growland qui sera dĂ©voilĂ© en 1939, Ă la veille du dĂ©clenchement de la seconde guerre mondiale.
Dans les annĂ©es 30, une polĂ©mique agite le milieu artistique canadien, alors que les effets socio-Ă©conomiques de la Grande dĂ©pression se prolongent parmi les couches sociales les moins favorisĂ©es et que plusieurs Ă©tats du monde entrent dans une pĂ©riode troublĂ©e. Le rĂŽle de l’artiste et, plus particuliĂšrement, son engagement social et politique par le biais de son activitĂ© crĂ©atrice, devient un sujet de discorde. Participant activement aux dĂ©bats, parfois virulents, qui ont lieu par l’entremise de publications dans des revues spĂ©cialisĂ©es, Elizabeth Wyn Wood est de ceux qui refusent Ă l’art tout objet non-esthĂ©tique. En rĂ©ponse Ă la position publiĂ©e par Frank Underhill (« l’artiste, en ces temps troublĂ©s, doit ĂȘtre rĂ©volutionnaire ou rien du tout.») dans The Canadian Forum , elle dĂ©finit l’attitude de celui-ci comme:
le prosĂ©lytisme des premiers chrĂ©tiens martyrs, des communistes et de l’Oxford Group, fiĂšvre qui demande la consĂ©cration de tous les talents Ă quelque cause facilement identifiable . . . Que faut-il faire alors? Peindre des chĂąteaux en Espagne â croulants? ReprĂ©senter le prolĂ©tariat russe posant le pied sur le cosaque vaincu, version moderne de saint Georges triomphant du dragon? . . . Ces thĂšmes ne peuvent inspirer authentiquement l’artiste canadien . . . Dressons [plutĂŽt] notre tente dans le Nord, sur notre bouclier prĂ©cambrien . . . [afin que] nous puissions offrir [aux rĂ©fugiĂ©s d’une civilisation en voie d’effritement] le soutien spirituel de notre art, qui fleurit sur le rocher nu et les poitrines nues.
Art and the Pre-Cambrian Shield , The Canadian Forum, février 1937 (traduction française: Peinture canadienne des années 30).
Ăgalement enseignante, Elizabeth Wyn Wood, transmet, pendant 28 ans, sa passion aux Ă©lĂšves du programme d’arts visuels de la Central Technical School de Toronto. Elle est membre de l’AcadĂ©mie royale des arts du Canada et co-fondatrice, en 1945, du Conseil des arts du Canada (entitĂ© Ă ne pas confondre avec l’actuelle sociĂ©tĂ© de la couronne qui fut crĂ©Ă©e en 1957) qui est destinĂ© Ă la promotion de l’art canadien et au soutien des artistes. Cet organisme deviendra la ConfĂ©rence canadienne des arts en 1958. Elle se consacre, pendant plusieurs annĂ©es, à  la mise en place de l’organisation et aux relations avec des pays Ă©trangers. C’est au cours d’un de ses mandats qu’elle co-organise, en 1947, une exposition des Ćuvres de 74 artistes canadiennes, Ă New York.
Celle qui fut la premiĂšre Ă exprimer le modernisme avec ses sculptures-paysages, s’Ă©teint le 27 janvier 1966, Ă Willowdale, en Ontario.
Ćuvres et publications
The National Gallery. Canadian Forum 13.150 (Mar. 1933): 226
Art and the Pre-Cambrian Shield. Canadian Forum 16.193 (Feb. 1937): 13-5.
The Beautiful Welland-Crowland War Memorial. Welland Evening Tribune 2 Sept. 1939.
A National Program for the Arts in Canada. Canadian Art 1.3 (Feb-Mar. 1944): 93-5, 127-8.
Art Goes to Parliament. Canadian Art 11.1 (Oct-Nov. 1944): 3.
Canadian Handicrafts. Canadian Art 2.5 (Summer 1945).
Foreword. Canadian Women Artists New York: Riverside Museum, 1947.
Observations on a Decade … 1938-1948: Ten Years of Canadian Sculpture. Journal, Royal Architectural Institute of Canada 25.1 (Jan. 1948): 15-19.
Esquisses, bas-reliefs et sculptures dans la collection du Musée des Beaux-Arts du Canada.
Sources
Elizabeth Wyn Wood, Musée des Beaux-Arts du Canada,
Elizabeth Wyn Wood, Encyclopédie canadienne
Peinture canadienne des années 30, Charles C. Hill, Galerie nationale du Canada, 1975 (archivé le 8 décembre 2016)
Landscape, Landscape, Landscape!â Debating the Function of Art and Artist in Social Reconstruction, Lisa Panayotidis (citation d’un article Ă©crit par Elizabeth Wyn Wood)
Canadian Women Artists History Initiative, Bio-bibliographic Database, Concordia University.