Francis Russell “Frank” O’Hara , nĂ© le 27 mars 1926 à  Baltimore et mort dâun accident de voiture sur la plage de Long Island le 25 juillet 1966, est un poĂšte et critique dâart amĂ©ricain.
ĂlevĂ© dans le Massachusetts, il Ă©tudie le piano Ă Boston de 1941 Ă 1944 puis sert dans le Sud Pacifique et au Japon pendant la seconde guerre mondiale comme prĂ©posĂ© au sonar du destroyer USS Nicholas. Ă la fin de la guerre, il utilise sa bourse de vĂ©tĂ©ran pour Ă©tudier à Harvard, avec pour compagnon de chambrĂ©e, lâillustrateur Edward Gorey. InfluencĂ© par lâart visuel et la musique contemporaine, ses poĂštes favoris sont Pierre Reverdy, Arthur Rimbaud, StĂ©phane MallarmĂ©, Boris Pasternak, et Vladimir Mayakovsky. En 1951, fraĂźchement diplĂŽmĂ© en littĂ©rature anglaise de lâuniversitĂ© du Michigan, il sâinstalle Ă New York oĂč il commence par enseigner Ă la New School.
ExtrĂȘmement sociable, passionnĂ© et chaleureux, il aura tout au long de sa courte vie (il meurt Ă 40 ans) des centaines dâamis et dâamants dans une New York, capitale artistique du monde oĂč se cĂŽtoient, dans lâeffervescence, artistes, poĂštes, compositeurs, cinĂ©astes, danseurs… Il est rapidement employĂ© au Museum of Modern Art de New York oĂč il travaille durant 15 ans. Il y vend tout dâabord des cartes postales, puis facilite les liens entre le monde des affaires qui gravite autour du MOMA et le groupe trĂšs diversifiĂ© de poĂštes et dâartistes dont il est le centre lors de longues soirĂ©es bien arrosĂ©es, souvent suivies de visites Ă des galeries. Il organise des expositions de peinture et sculpture (19 expositions organisĂ©es ou co-organisĂ©es dont, entre 1958 et 1959, “The New American Painting,” une exposition qui contribue Ă initier le public europĂ©en Ă lâexpressionnisme abstrait). Il participe aussi Ă la rĂ©daction de catalogues tout en composant des poĂšmes pendant son temps de lunch. Il est considĂ©rĂ© comme une figure marquante de la New York School, un groupe informel dâartistes, Ă©crivains et musiciens qui sâinspirent de jazz, du surrĂ©alisme, de lâexpressionnisme abstrait et de lâ« action painting »  ainsi que dâautres mouvements de lâavant-garde artistique contemporaine. Willem de Kooning, Norman Bluhm, Larry Rivers et Joan Mitchell, entre autres, font partie de ses amis.
Ă la fin du deuxiĂšme Ă©pisode (saison II) de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Madmen, le hĂ©ros Don Draper ouvre le premier livre du poĂšte, MĂ©ditations dans lâurgence, qui lui a Ă©tĂ© recommandĂ© par un voisin de table et lit :
Jâattends maintenant calmement que
la catastrophe de ma personnalité
semble belle Ă nouveau,
et intéressante, et moderne.Le pays est gris et
brun et blanc en arbres,
neiges et cieux de rire
toujours diminuant, moins drĂŽles
pas seulement plus sombres, pas seulement gris.Câest peut-ĂȘtre le jour le plus froid de
lâannĂ©e, que pense-t-il
de ça? Je veux dire que pensé-je ? Et si je pense,
je suis peut-ĂȘtre moi-mĂȘme Ă nouveau.
MĂ©ditations dans lâurgence, Traduction Olivier Brossard et Ron Padgett, 2011.
“MĂ©ditations in an emergency” paraĂźt en 1957. Les deux titres prĂ©cĂ©dents, A City Winter and Other Poems (1951) et Oranges, 12 Pastorals (1953), Ă©taient des publications relativement confidentielles de la Tibor de Nagy Gallery, rapidement Ă©puisĂ©es.
Il faudra ensuite attendre 1964 pour quâune autre maison dâĂ©dition, City Lights de San Francisco, publie un nouveau livre : Lunch Poems. PoĂšmes dĂ©jeuner fait date dans lâhistoire littĂ©raire amĂ©ricaine. Un nouveau langage poĂ©tique y naĂźt, Ă©nergique et rĂ©flĂ©chi, drĂŽle et mĂ©lancolique, lĂ©ger et grave, qui adapte des images et des formes surrĂ©alistes et dadaĂŻstes Ă la langue amĂ©ricaine de tous les jours.
Du vivant de lâauteur, seul ces deux livres sont publiĂ©s dans des tirages consĂ©quents, ses autres titres Ă©tant des tirages dâart, des publications de galerie ou de petites structures Ă©ditoriales. Les autres poĂšmes seront publiĂ©s de façon posthume dans lâĂ©pais volume PoĂšmes complets.
Les « Collected Poems of Frank O’Hara » publiĂ©s par Donald Allen (Knopf, 1971), premiĂšre de plusieurs Ă©ditions posthumes de lâauteur, reçoit en 1972 le National Book Award for Poetry.
Lâensemble de l’Ćuvre de Frank O’Hara largement publiĂ©e en ligne fait maintenant partie du domaine public.
Sources
- Poetry Foundation, Frank O’Hara https://www.poetryfoundation.org/poems-and-poets/poets/detail/frank-ohara
- MoMA, Frank O’Hara at MoMA http://www.moma.org/explore/multimedia/audios/13/118 (confĂ©rence enregistrĂ©e au MOMA, 2006)
- Modern American Poetry, Frank O’Hara’s Life and Career http://www.english.illinois.edu/maps/poets/m_r/ohara/life.htm