AssoiffĂ© de mots et amoureux charnel de la langue telle quâelle est prononcĂ©e, Ă©corchĂ© vif dans son corps et dans sa vie, Jacques Audiberti Ă©tait avant tout un poĂšte bien quâil ait Ă©tĂ© Ă©galement un romancier fĂ©cond (18 romans publiĂ©s), un auteur de de thĂ©Ăątre important (une vingtaine de piĂšces dont « Le Mal court », son Ćuvre la plus connue) ainsi quâun artiste graphique prolifique – Il Ă©crit « je dessine sur la toile les mains Ă©carquillĂ©es ». Claude Nougaro reconnaĂźt en lui son maĂźtre et lui dĂ©die une chanson. Instable perpĂ©tuel en dĂ©pit dâun mariage avec une institutrice martiniquaise dont il aura deux enfants, Ă©crivain inclassable, ce « vivant professionnel », se rĂ©clamera autant du 19Ăšme siĂšcle, le siĂšcle de Hugo, son grand modĂšle, que du 20Ăšme, celui de ses amis (Valery Larbaud, LĂ©on-Paul Fargue, Jean Cassou,  Marcelle Auclair ou Lucie Faure) ; de ses admirateurs (Gaston Bachelard, François Truffaut , Marcel MarĂ©chal….)  et de « ses » comĂ©diens (Suzanne Flon, Georges Vitaly, AndrĂ© Barsacq, Michel Piccoli,…). NĂ© en 1889 Ă Antibes, il sâinstalle en 1924 Ă Paris, oĂč, soutenu par Jean Paulhan avec lequel il correspondra toute sa vie, il apprend son mĂ©tier dâĂ©crivain, collaborant Ă diverses revues. NommĂ©, en 1935, reporter au Petit Parisien, il vit, pour ce journal, la dĂ©route rĂ©publicaine Ă la frontiĂšre espagnole en 1939 puis lâexode avant dâinterrompre sa collaboration quand le journal passe sous contrĂŽle allemand. Il poursuit alors son Ćuvre multiple (poĂ©sie, roman, essai, traductionâŠ) tout en publiant de nombreuses critiques cinĂ©matographiques, y compris, Ă la demande de Truffaut, pour Les Cahiers du CinĂ©ma. En 1952,  il invente le concept dâAbhumanisme qui serait sans doute encore dâactualitĂ© aujourdâhui (lâhomme doit reconnaĂźtre quâil nâest pas au centre de lâunivers, les choses et les autres ĂȘtres vivants – animaux ou plantes – existent autant) et connait, sur le tard, le succĂšs au thĂ©Ăątre. Il reçoit de nombreux prix au cours de sa carriĂšre, accĂ©dant au statut dâauteur moderne « classique » de son vivant. Atteint dâun cancer, il meurt Ă Paris en 1965.
Pour aller plus loin :
Le site publiĂ© par lâassociation des Amis de Jacques Audiberti comporte une bibliographie complĂšte, les textes de certains de ses poĂšmes, quelques photos ainsi que des extraits audiovisuels : http://www.audiberti.com/