John Goodwin Lyman (1886-1967), artiste-peintre, auteur et professeur, est nĂ© Ă Biddeford dans le Maine, de parents dâorigine amĂ©ricaine, devenus citoyens canadiens. Fils de famille bien nĂ©, lâargent ne sera jamais un problĂšme pour lui. Il frĂ©quente le Montreal High School, puis, Ă lâĂąge de 14 ans, il voyage en Europe et au Proche-Orient en compagnie de son pĂšre. En 1907, il retourne Ă Paris qui deviendra son port dâattache pendant les 25 annĂ©es suivantes. Câest lĂ quâil dĂ©couvre le peintre canadien James W. Morrice, Ă qui il consacrera une Ă©tude en 1945, ainsi que Henri Matisse. Il sâinscrit Ă des cours Ă lâAcadĂ©mie Matisse et sa peinture en restera marquĂ©e pour le reste de sa carriĂšre.
Il revient Ă MontrĂ©al en 1911 et Ă©pouse une Canadienne-française, Corine Saint-Pierre, qui lui servira parfois de modĂšle et qui Ă©crira lâavant-propos du catalogue de sa 1re exposition. En 1913, il prĂ©sente 4 tableaux lors de la 30e Exposition du Printemps organisĂ©e par lâArt Association of Montreal. Lâexposition fait scandale et la critique montrĂ©alaise dĂ©nigre particuliĂšrement le travail de Lyman. Puis, une exposition solo prĂ©sentant ses peintures et ses dessins, quelques mois plus tard, continue Ă faire rĂ©agir la critique qui comprend mal la modernitĂ© de ses Ćuvres. Déçu et dĂ©goutĂ©, Lyman retourne Ă Paris et ne reviendra vivre Ă MontrĂ©al quâen 1931. Il expose de nouveau Ă MontrĂ©al en 1927 et la critique, autant francophone quâanglophone, salue dĂ©sormais son travail et considĂšre quâil « a fait de remarquable progrĂšs en peinture (âŠ) et quâil sait maintenant dessiner et composer » (Morgan-Powell, critique dâart du Montreal Star dans Grandbois, p. 71).
Ă son retour en 1931, il fonde LâAtelier avec AndrĂ© Bieler et se porte Ă la dĂ©fense de lâart moderne canadien. Il devient critique dâart dans The Montrealer, de 1936 Ă 1942, oĂč il prĂŽne lâinternationalisme dans lâart. Ce mĂ©dium lui permet de prĂ©senter de nombreuses idĂ©es modernistes de lâĂcole de Paris. En 1939, il fonde la SociĂ©tĂ© dâart contemporain afin de regrouper les artistes canadiens « non acadĂ©miques » et favoriser et amĂ©liorer leurs conditions dâexposition. En 1951, il devient professeur Ă la FacultĂ© des Beaux-Arts de lâUniversitĂ© McGill, puis directeur du dĂ©partement jusquâĂ sa retraite en 1958. « Devenu un vĂ©ritable fĂ©dĂ©rateur dans son milieu, John Lyman sâactive dĂ©sormais sur plusieurs plans comme peintre, professeur, critique dâart et organisateur dâexpositions ». (Grandbois p. 72)
Le site de la Galerie Valentin prĂ©sente Lyman comme le peintre de lâintimitĂ©. Tout au long des annĂ©es â20, « il dessine de nombreux nus sensuels Ă la posture osĂ©e ainsi que des poses non conventionnels de jeune homme qui se dĂ©hanche ». Il peint aussi de nombreux paysages mĂ©ridionaux oĂč la lumiĂšre prend une grande importance. Selon Lyman, la lumiĂšre rĂ©vĂšle les formes et les couleurs. Aux lendemains de son exposition de 1913, il se rĂ©fugie dâabord aux Bermudes, dans une rĂ©sidence dĂ©tenue par un oncle. Il achĂšte par la suite une propriĂ©tĂ© dans le sud de la France Ă Cagnes-sur-mer. Il fait aussi de nombreux sĂ©jours en Tunisie, particuliĂšrement dans la petite ville dâHammamet. Dans tous ces endroits, il ressent lâĂ©blouissement de la lumiĂšre quâil transmet dans sa peinture.
Lyman a exposĂ© sa pensĂ©e sur la vie et sur lâart dans de nombreux Ă©crits. Parfaitement bilingue, il sâexprimait avec facilitĂ© et efficacitĂ©. Selon Louise Dompierre, câest Paris qui lâa formĂ© avant tout. La ville « aura Ă©galement forgĂ© son acuitĂ© Ă saisir les enjeux de lâart moderne dâun point de vue universel et Ă en dĂ©fendre les principes, aussi bien par la peinture que par le verbe » (Louise Dompierre, John Lyman, 1886-1967 dans Grandbois p. 47)
Domaine public
LâĆuvre de John Lyman entrera dans le domaine public canadien le 1er janvier 2018.
Ćuvre Ă©crite
- Lyman, John. Morrice. L’Arbre, MontrĂ©al, c1945.
- DĂ©ry, Louise. Lâinfluence de la critique dâart de John Lyman dans le milieu artistique quĂ©bĂ©cois de 1936 Ă 1942. ThĂšse prĂ©sentĂ©e Ă lâUniversitĂ© Laval en 1982. De nombreuses critique de Lyman publiĂ©s dans The Montrealer sont reproduites dans cette thĂšse.
- Inédits de John Lyman. Choix des textes et annotations de Hedwidge Asselin. Montréal, MinistÚre des affaires culturelles, BibliothÚque nationale du Québec, 1980.
- Fonds John Lyman (MSS149) – BibliothĂšque et Archives nationales du QuĂ©bec. Le fonds contient: documents manuscrits de John Lyman et concernant John Lyman; correspondance; photographies; papiers personnels; journal; dessins, etc.
Ćuvre picturale (exemples en ligne)
- Galerie Valentin, 2012: Lyman – Esquisses des annĂ©es 1910, 20 et 30
- Site Askart: John Goodwin Lyman (sample images)
- Site Artnet John Goodwin Lyman
Entrevue
- John Lyman, peintre – Office national du film. Film rĂ©alisĂ© par Fernand Dansereau en 1958 dâune durĂ©e de 28 minutes. InterviewĂ© par Guy Viau, le peintre raconte les grandes Ă©tapes de sa carriĂšre. Des reproductions de ses tableaux et des scĂšnes de ses dĂ©ambulations sur la plage de Cape Cod entrecoupent l’interview. Le tournage a eu lieu Ă MontrĂ©al, Cape Cod et North Hatley.
Sources
- Encyclopédie canadienne: Lyman, John Goodwin
- Grandbois, MichĂšle, dir. Morrice et Lyman en compagnie de Matisse, MontrĂ©al, Les Ăditions de lâHomme, 2014, 254 pages.
- Galerie Jean-Pierre Valentin: Biographie de John LYMAN
- Wikipédia:  John_Lyman
Illustrations
- John Lyman (1886-1967), à la plage (Saint-Jean-de-Luz). Huile sur papier collé sur toile, 45,6 x 55,5 x 2,4 cm. Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. (via Wikimedia Commons)
- John Lyman, Autoportrait, 1918, huile sur toile (Musée national des beaux-arts du Québec)