Peintre et cinĂ©aste dâanimation avant-gardiste, passionnĂ© de musique et dâarts graphiques, Oskar Fischinger a explorĂ© tout au long de sa carriĂšre le lien entre son et images. Ses films non-figuratifs montrent tantĂŽt des formes et couleurs Ă©pousant le rythme de la musique, tantĂŽt des ondes sonores dessinĂ©es Ă mĂȘme la pellicule et interprĂ©tĂ©es comme la piste audio dâun film.
NĂ© le 22 juin 1900 Ă Gelnhausen (Allemagne), câest dans les annĂ©es 20, aprĂšs avoir Ă©tudiĂ© la musique, qu’Oskar Fischinger rĂ©alise ses premiĂšres expĂ©rimentations cinĂ©matographiques : ainsi dans Wax Experiments (1921 – 1926), il utilise dâimposants blocs de cire colorĂ©e et photographie image par image leur dĂ©coupe en fines tranches. Collaborant avec Fritz Lang pour la rĂ©alisation des effets spĂ©ciaux du film La femme sur la lune, en 1929, il se consacre ensuite Ă la rĂ©alisation de Studies, une sĂ©rie de dix-sept animations au fusain qui lient avec virtuositĂ© image et musique populaire et classique, et dont certains droits seront rachetĂ©s par Universal Pictures.
En 1932, il se lance dans la crĂ©ation de vĂ©ritables « peintures sonores », en photographiant directement des ondes sonores dessinĂ©es ou peintes prĂ©alablement sur la piste optique des pellicules films. Il appellera cette technique « Licht Musik » (La musique de la lumiĂšre). Son court-mĂ©trage expĂ©rimental Ornements sonores (1932), commence ainsi: « Vous entendez ce que vous voyez, vous voyez ce que vous entendez ». Lâimage fait apparaĂźtre en effet le dessin de lâonde sonore qui est entendue en parallĂšle.
« La moindre nuance est Ă la portĂ©e du peintre musical, qui se concentre exclusivement sur le fondement primaire de la musique, câest Ă dire lâonde- la vibration ou lâoscillation elle-mĂȘme et en elle-mĂȘme. A travers ce processus surgissent de nouvelles perceptions jusquâalors ignorĂ©es ou nĂ©gligĂ©es. Des possibilitĂ©s qui sont dĂ©cisives pour tout crĂ©ateur musical authentique et profondĂ©ment impliquĂ© ; par exemple, des nuances prĂ©cises oĂč les timbres caractĂ©ristiques de certaines voix ou de certains instruments peuvent ĂȘtre fidĂšlement reproduits Ă travers ces dessins, ces motifs sonores. Ou encore la possibilitĂ© de profiler, en les synchronisant, les ondes sonores de maniĂšre exactes, courbe aprĂšs courbe de maniĂšre Ă ce que leurs centre coĂŻncident parfaitement ».
Oskar Fischinger, Deutsche Allgemeine Zeitung, 8 juillet 1932, traduit en français par le CRDP/Académie de Créteil [Pdf].
Avec lâarrivĂ©e au pouvoir dâHitler, Fischinger voit toutefois ses films classĂ©s au titre dâĆuvres dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©es et se tourne alors vers la publicitĂ© pour rĂ©aliser notamment en 1934 le film Murrati Gets in the Act, vĂ©ritable chorĂ©graphie de cigarettes de la marque Muratti, qui sâaniment et se mettent Ă danser. Il aura tout juste le temps de terminer en 1935 son film abstrait Komposition in Blau, bien reçu par la critique, avant de quitter lâAllemagne pour les Ătats-Unis en fĂ©vrier 1936.
Ă Hollywood cependant, les projets quâil prĂ©voyait de mener avec Ernst Lubitsch au sein de la Paramount ne peuvent finalement se concrĂ©tiser. Sans le sou dans un pays dont il ne parle quasiment pas la langue, il travaille alors briĂšvement Ă la MGM et y rĂ©alise Optical Poem (1937), assistĂ© de John Cage, puis contribue Ă une sĂ©quence de Fantasia pour le compte de Disney. Sa rencontre avec Hilla de Rebay, peintre et fondatrice du musĂ©e Guggenheim, lui permettra dâobtenir un soutien financier pour rĂ©aliser certains des films les plus populaires de lâĂ©poque : Allegretto (1940), ou encore Motion Painting n°1 (1947), qui sera primĂ© au Festival International du Film ExpĂ©rimental de Bruxelles.
Durant les vingt derniĂšres annĂ©es de sa vie, Oskar Fischinger se remit Ă la peinture et ne rĂ©alisa plus de films Ă lâexception de quelques expĂ©rimentations. Il est dĂ©cĂ©dĂ© le 31 janvier 1967 Ă Los Angeles.
RĂFĂRENCES :
- Wikipédia (fr)
- Artwork by Oskar Fischinger, Guggenheim.org
- Esther Leslie, Where abstraction and comics collide, Tate Etc. issue 7: Summer 2006, Tate.org.uk
- Oskar Fischinger, Sonore-Visuel
- AndrĂ© Martin, Pourquoi il faut voir, revoir et revoir encore les films de Oskar Fischinger, Festival international du cinĂ©ma d’animation, Ottawa, 1976.
- Philippe Langlois et Leonardo/Olats, Oskar Fischinger, février 2001, olats.org